Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/433

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Ruisseaux, coulez plus lentement ;
Oiseaux, chantez plus doucement ;
Zéphyrs, retenez votre haleine.

Respectez un jeune chasseur
Las d’une course violente ;
Et du doux repos qui l’enchante,
Laissez-lui goûter la douceur.

Vous, qui parcourez cette plaine,
Ruisseaux, coulez plus lentement ;
Oiseaux, chantez plus doucement ;
Zéphyrs, retenez votre haleine.

Mais, que dis-je ? où m’emporte une aveugle tendresse ? [1]
Lâche amant, est-ce là cette délicatesse
Dont s’enorgueillit ton amour ?
Viens-je donc en ces lieux te servir de trophée ?
Est-ce dans les bras de Morphée
Que l’on doit d’une amante attendre le retour ?

     : Qu’Issé ne vous entende pas !
    Zéphyrs, remplissez l’air d’une fraîcheur nouvelle ;
    Et vous, Échos ! dormez comme elle !

    Ces vers sont de La Motte, aussi supérieur à Rousseau dans l’opéra,
    que ce dernier l’est à La Motte dans tous les autres genres lyriques.

  1. Maiis, que dis-je ? où m’emporte, etc. Ce passage brusque et rapide
    d’un sentiment à un autre, et de ces vœux si paisibles pour
    le sommeil de Cépbale, au dépit chagrin de ne l’avoir pas encore
    réveillé, est aussi bien exprimé qu’habilement saisi par le poète,
    dans la nature même de la passion qu’il décrit. Il n’y a pas de
    femme qui ne doive se reconnoitre là.