Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/73

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Quelle divine harmonie
Résulte[1] de leurs accords !

De sa puissance immortelle[2]
Tout parle, tout nous instruit ;
Le jour au jour la révèle,[3]
La nuit l’annonce à la nuit.
Ce grand et superbe ouvrage
N’est point pour l’homme un langage
Obscur et mystérieux :
Son admirable structure
Est la voix de la nature,
Qui se fait entendre aux yeux.[4]

  1. Résulte, est de la langue des philosophes, et ne doit, en
    aucun cas, entrer dans celle du poète.
  2. Cette strophe et les deux suivantes sont mises avec justice au
    rang de ce que nous avons de plus beau en ce genre. Telle est
    cependant la difficulté de l’art, et la sévérité de la critique, que
    ces belles strophes elles-mêmes n’ont point paru tout-à-fait
    exemptes de taches.
  3. Le jour au jour la révèle, etc. Notre langue manque de terme
    pour rendre l’énergie de l’expression originale, eructat ; qui n’auroit,
    même en latin, d’autre équivalent que scaturit, qui exprime
    l’action continue d’une fontaine, s’échappant goutte à
    goutte de sa source. Racine avoit dit aussi, Athàl. act. I, sc. IV :

    Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance,
  4. Un ancien commentateur des Psaumes avoit déjà dit, en
    parlant de ce concert sublime de la nature entière, généralement
    entendu d’un bout de l’univers à l’autre, inscriptus est omnium
    oculis. Peut-être est-ce là ce qui a donné à Rousseau l’idée heureuse,
    et si noblement hardie, d’üne voix qui se fait entendre aux
    yeux.