Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome IV, 1820.djvu/106

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CORONIS.

Quand ce serait celle de Babylone.

LA SOURDIÈRE.

C’est être bien têtu. Et moi, je vous dis que je vis hier, entre ses mains, une lettre de l’aumônier d’un des principaux bâchas, qui marque expressément que le grand vizir est en marche avec deux cent mille hommes, et qu’il va droit à Belgrade, pour l’assiéger par terre et par mer.

CORONIS.

Belgrade par mer et par terre ! Où avez-vous appris la géographie, s’il vous plaît ?

LA SOURDIÈRE.

Comment, Belgrade n’est pas un port de mer ?

CORONIS.

Non pas, que je sache ou bien c’est depuis fort peu de temps.

LA SOURDIÈRE.

Morbleu, je sais la carte, et j’ai voyagé. Je parie que monsieur Carondas sera de mon avis. Monsieur, holà ! Monsieur Carondas, réveillez-vous.

CARONDAS.

Ah morbleu ! Que la peste soit de votre babil ! Est-il possible qu’on ne puisse faire ici quatre vers en repos, et que les plus belles pensées du monde y soient sans cesse immolées à la pétulante loquacité du premier importun !