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Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome IV, 1820.djvu/123

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Moi ma mère ? Hélas ! Non.

MADAME JÉRÔME.

Non ?

LOUISON.

Non. Vous m’avez dit qu’il ne fallait point qu’une fille aimât les hommes ; je fais ce que vous m’avez dit.

MADAME JÉRÔME.

Mais il faut aimer celui-là, puisqu’il sera votre mari.

LOUISON.

C’est donc une nécessité qu’il faille aimer son mari ? Si cela est, donnez-m’en un autre, je vous prie.

MADAME JÉRÔME.

Comment dites-vous ? Ah, ah ! Petite impertinente, vous êtes entêtée, à ce que je vois ; et quelque colifichet blondin vous aura donné dans la vue. N’est-ce point Narcisse, ce petit fat, qui depuis le matin jusqu’au soir se fait l’amour à lui-même ; qui passe toute la journée à se mirer dans sa perruque, ajuster sa steinkerque, et se faire les yeux doux dans un miroir ?

LOUISON.

Oh si ! Ma mère, j’aimerais autant aimer une femme.

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