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Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome IV, 1820.djvu/162

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tirer d'embarras. Seigneur Horace, voilà l'homme qu'il nous faut le génie le plus heureux, l'esprit le plus fertile en expédients que nous puissions jamais trouver.

HORACE

J'ai quelque idée de l'avoir vu il n'y a pas longtemps.

OCTAVE

Qu'as-tu donc fait, depuis six ans que tu as quitté mon service ?

FRANCISQUE

Ma foi, monsieur, on a beau se tourmenter pour bien faire, quand on est né malheureux, on ne réussit jamais à rien. Au sortir de chez vous, me voyant en âge de prendre un parti, je m'étais jeté dans les finances. Nous étions cinq ou six qui avions fait une compagnie pour lever un droit sur les particuliers qui vont tard dans les rues. Cela allait assez bien dans les commencements ; mais dans la suite nous fûmes traversés. Un faux frère révéla les mystères de la société. Nous nous dispersâmes ; et moi, qui ai toujours eu les inclinations belliqueuses, je me jetai dans le parti des armes. Comme je ne trouvai pas d'abord d'occasion d'aller exercer ma valeur sur la frontière, je me suis mis à faire la petite guerre dans Paris, où en peu de temps je me rendis assez recommandable. Au bruit de mes grandes actions, le lieutenant-criminel fut curieux de me