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LETTRES

avant que je puisse profiter de vos bontés et de vos lumières ; et il ne seroit ni honnête à moi, ni édifiant pour vous, que je gardasse le silence plus long-temps. Comme vous ne m’avez point donné d’adresse pour vous écrire, j’envoie ma lettre à Lyon sous le pli de M. Brossette[1], avec qui je ne doute point que vous ne continuiez d’être en commerce. Ce n’est presque plus que par lui que j’y suis encore un peu avec les Muses. Ce pays-ci n’est point leur patrie ; et j’ai senti plus d’une fois la violence qu’elles se font pour y rester. Je n’aurois pas moins besoin d’elles pour écrire une histoire en prose, que pour composer des ouvrages en vers ; et celle de M. le prince Eugène seroit sans contredit le plus grand sujet que je pusse choisir ; mais sa modestie et ma foiblesse sont deux obstacles bien difficiles à vaincre pour moi. Ainsi, monsieur, je puis vous répondre que jusqu’à présent il n’a point été question de ce travail, et que ceux qui vous en ont parlé ont plutôt deviné ce que je voudrois faire, que ce que je fais effectivement. Permettez que j’assure ici de mes respects M. l’abbé Strikland, et faites-moi la justice de croire que personne du monde ne connoît mieux que moi le prix

  1. L’auteur des Commentaires sur Regnier et sur Boileau.