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382 LETTRES INÉDITES

VII

À Lk MÊME.

Aoùl 1761.

Il est vrai, madame la duchesse, qu’une dure fatalité s’obstine bien cruellement sur vous et sur les vôtres ^ Mais les pertes que vous avez faites vous doivent rendre moins sensibles à celle-ci ; quoiqu’un nouveau malheur soit une triste diversion, c’en est une pour ceux qui nous affectent davantage, on en sent sa propre affliction avec moins d’a- mertume en livrant son cœur à celle de ce qui nous est cher, et il est naturel de prendre un peu pour soi des con- solations qu’on tâche de donner aux autres.

Je ne puis, madame, qu’être très-sensible à la bonté que vous avez, dans ces circonstances, de penser à moi et même à mon pauvre Turc*. J’augure bien encore de ce que vous pouviez donner assez d’attention à votre style pour en faire la critique et même pour nous accuser de répétition. Je n’ai rien à répondre à cet article, car,Tpour moi, je ne suis pas si heureux que cela. Quant à la visite dont vous voulez bien m’honorer, ou pour mieux dire, à la promenade que vous vous proposez de faire ici, je ne suis pas fâché qu elle soit différée pour quelque temps, jusqu’à ce que vous ayez plus de loisir pour l’entreprendre, et que je sois plus en état de vous recevoir. Il faut espérer que, dans quelque

  • Il est question ici de la mort du duc de Montmorency ou de son fils, le

comle de Luxembourg, que la duchesse de Montmorency, leur épouse et leur mère, perdit tous deux la même année. {Note de V Éditeur.) ,

  • C’était le nom d’un chien de Rousseau. (Note de l’Éditeur,)