Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/74

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Voila des devoirs que j’étois bien éloigne de comprendre quand vous me les avez imposes, & maintenant qu’il vous plaît de me les expliquer, vous ne pouvez douter q’ils ne me surprennent & que je ne sois curieux d’apprendre sûr quels principes vous les sondez. Expliquez-vous donc, vous prie, & comptez sûr toute mon attention.

Le François.

Ô mon bon ami ! Qu’avec plaisir voue cœur navre du déshonneur que fait à l’humanité set homme qui n’auroit jamais du naître, va s’ouvrir à des sentimens qui en sont la gloire dans les nobles ames de ceux qui ont démasque ce malheureux ; ils étoient ses amis, ils faisoient profession de l’être. Séduits par un extérieur honnête & simple, par une humeur crue alors facile & douce, par la mesure de talens qu’il faloit pour sentir les leurs sans prétendre à la concurrence, ils le recherchèrent se l’attachèrent & l’eurent bientôt subjugue ; car il est certain que cela n’étoit pas difficile. Mais quand ils virent que cet homme si simple & si doux prenant tout d’un coup l’essor s’élevoit d’un vol rapide réputation à laquelle ils ne pouvoient atteindre, eux qui avoient tant de hautes prétentions si bien fondées, ils se doutèrent bientôt qu’il y avoit la-dessous quelque chose qui n’alloit pas bien, que cet esprit bouillant n’avoit pas si long-tems contenu soi ardeur sans mystère, & des-lors, persuades que cette apparente simplicité n’étoit qu’un voile qui cachoit quelque projet dangereux, ils formeront la ferme résolution