Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/35

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de ces six chefs : or, il est évident qu’aucun des six ne peut exister dans ce nouvel état de choses.

Premiérement, il faut renoncer aux conquêtes, par l’impossibilité d’en faire, attendu

qu’on est sûr d’être arrêté dans son chemin par de plus grandes forces que celles qu’on peut avoir ; de sorte qu’en risquant de tout perdre on est dans l’impuissance de rien gagner. Un Prince ambitieux qui veut s’agrandir en Europe, fait deux choses. Il commence par se fortifier de bonnes alliances, puis il tâche de prendre son ennemi au dépourvu. Mais les alliances particulieres ne serviroient de rien contre une alliance plus forte, & toujours subsistante ; & nul Prince n’ayant plus aucun prétexte d’armer, il ne sauroit le faire sans être apperçu, prévenu & puni par la confédération toujours armée.

La même raison qui ôte à chaque Prince tout espoir de conquêtes, lui ôte en même tems toute crainte d’être attaqué ; & non-seulement ses Etats garantis par toute l’Europe, lui sont aussi assurés qu’aux citoyens leurs possessions dans un pays bien policé, mais plus que s’il étoit leur unique & propre défenseur, dans le même rapport que l’Europe entiere est plus forte que lui seul.

On n’a plus de raison de vouloir affoiblir un voisin, dont on n’a plus rien à craindre ; & l’on n’en est pas même tenté, quand on n’a nul espoir de réussir.

À l’égard du soutien de ses droits, il faut d’abord remarquer qu’une infinité de chicanes & de prétentions obscures & embrouillées, seront toutes anéanties par le troisieme Article de la confédération, qui règle définitivement tous les