Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/353

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1762.

En parlant, Monsieur, dans votre gazette du 23 Juin, d’un papier appellé réquisitoire, publié en France contre le meilleur & le plus utile de mes écrits, vous avez rempli votre office, & je ne vous en sais pas mauvais gré ; je ne me plains pas même que vous ayez transcrit les imputations dont ce papier est rempli, & auxquelles je m’abstiens de donner celle qui leur est due.

Mais lorsque vous ajoutez de votre chef, que je suis condamnable au-delà de ce qu’on peut dire, pour avoir composé le livre dont il s’agit, & sur-tout pour y avoir mis mon nom, comme s’il étoit permis & honnête de se cacher en parlant au public ; alors, Monsieur, j’ai droit de me plaindre de ce que vous jugez sans connoître ; car il n’est pas possible qu’un homme éclairé, & un homme de bien porte avec connoissance, un jugement si peu équitable sur un livre où l’Auteur soutient la cause de Dieu, des mœurs, de la vertu, contre la nouvelle philosophie, avec toute la force dont il est capable. Vous avez donné trop d’autorité à des procédures irrégulieres, & dictées par des motifs particuliers que tout le monde connoît.

Mon livre, Monsieur, est entre les mains du public ; il sera lu tôt ou tard par des hommes raisonnables, peut-être enfin par des Chrétiens, qui verront avec surprise & sans doute avec indignation, qu’un disciple de leur divin Maître soit traité parmi eux comme un scélérat.