Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/413

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Ce reproche, Monsieur, me paroît peu reconnoissant de leur part, & peu raisonné de la vôtre. Quand un homme revient d’un long combat, hors d’haleine, & couvert de blessures, est-il tems de l’exhorter gravement à prendre les armes, tandis qu’on se tient soi-même en repos ? Eh ! Messieurs, chacun son tour, je vous prie. Si vous êtes si curieux des coups, allez-en chercher votre part ; quant à moi, j’en ai bien la mienne ; il est tems de songer à la retraite ; mes cheveux gris m’avertissent que je ne suis plus qu’un vétéran ; mes maux & mes malheurs me prescrivent le repos, & je ne sors point de la lice, sans y avoir payé de ma personne. Sat Patrice Priamoque datum. Prenez mon rang, jeunes gens, je vous le céde ; gardez-le seulement comme j’ai fait ; & après cela ne vous tourmentez pas plus des exhortations indiscretes, & des reproches déplacés, que je ne m’en tourmenterai désormais.

Ainsi, Monsieur, je confirme à loisir ce que vous m’accusez d’avoir écrit à la hâte, & que vous jugez n’être pas digne de moi ; jugement auquel j’éviterai de répondre, faute de l’entendre suffisamment.

Recevez, Monsieur, je vous supplie, les assurances de tout mon respect.