Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/565

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cela. Ayant déjà cessé de lui écrire, je n’avois garde de recommencer. Je m’adresse à un autre. Premier soufflet sur la joue mon Patron. Il n’en sent rien.

En disant que la lettre étoit fabriquée à Paris, il m’importoit fort peu lequel on entendit de M. d’Alembert ou de son prête-nom M. Walpole ; mais en ajoutant que ce qui navroit & déchiroit mon cœur étoit que l’imposteur avoit des complices en Angleterre, je m’expliquois avec la plus grande clarté pour leur ami qui étoit à Londres, & qui vouloir passer pour le mien. Il n’y avoit certainement que lui seul en Angleterre dont la haine pût déchirer & navrer mon cœur. Second soufflet sur la joue de mon Patron. Il n’en sent rien.

Au contraire, il feint malignement que mon affliction venoit seulement de la publication de cette lettre, afin de me faire passer pour un homme vain qu’une satire affecte beaucoup. Vain ou non, j’étois mortellement affligé ; il le savoit & ne m’écrivoit pas un mot. Ce tendre ami, qui a tant à cœur que ma bourse soit pleine, se soucie assez peu que mon cœur soit déchiré.

Un autre Ecrit paroît bientôt dans les mêmes feuilles de la même main que le premier, plus cruel encore, s’il étoit possible, & où l’Auteur ne peut déguiser sa rage sur l’accueil que j’avois reçu à Paris. Cet écrit ne m’affecta plus ; il ne m’apprenoit rien de nouveau. Les libelles pouvoient aller leur train sans m’émouvoir, & le volage public lui-même se lassoit d’être long-tems occupé du même sujet. Ce n’est pas le compte des complotteurs qui, ayant ma réputation d’honnête homme à détruire, veulent de maniere ou d’autre en venir à bout. Il fallut changer de batterie.