Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

conséquent démontreroient, contre son Auteur même, que tous ces talens sont de la plus grande utilité.

II.

Que les contradictions soient très-fréquentes dans Discours du Citoyen de Geneve, on vient de s’en convaincre par la lecture de mes remarques. M. Rousseau prétend que ces contradictions ne sont qu’apparentes ; que s’il loue les Sciences en plusieurs endroits, il le fait sincérement de bon cœur, parce qu’alors il les considere en elles-même, il les regarde comme une espece de participation à la suprême intelligence, & par conséquent comme excellentes ; tandis que dans tout le reste de son Discours il traité des Sciences, relativement au génie, à la capacité de l’homme ; celui-ci étant trop borné pour y faire de grands progrès, trop passionné pour n’en pas faire un mauvais usage ; il doit, pour son bien & celui des autres, s’en abstenir ; elles ne sont point proportionnées à sa nature, elles ne sont point faites pour lui,*

[*Les chiffres ainsi apostillés désignent les pages des Observations de M. Rousseau en réplique à la réponse insérée au Mercure de Septembre. Les chiffres simples sont les citations notre édition.] il doit les éviter toutes comme autant de poisons.

Comment ! les Sciences & les Arts ne seroient point faits pour l’homme ? M. Rousseau y a-t-il bien pensé ? Auroit-il déjà oublié les prodiges qu’il leur a fait opérer sur l’homme même ? Selon lui, & selon le vrai, le rétablissement des sciences & des Arts a fait sortir l’homme, en quelque maniere, du néant ; il a dissipé les ténebres dans lesquelles la nature