Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/470

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bon génie vous l’inspire, vous m’obligerez de me faire avertir, quelques trois ou quatre mois à l’avance, afin que je me prépare à vous recevoir, & à vous faire duement les honneurs de chez moi.

Je prends la liberté de faire ici mes honneurs à M. le Cureu, & mes amitiés à mon frere. Ayez la bonté de dire au premier, que comme Proserpine (ah ! la belle chose que de placer là Proserpine !)

Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ? comme Proserpine donc passoit autrefois six mois sur terre & six mois aux enfers, il faut de même qu’il se résolve de partager son tems entre vous & moi : mais aussi les enfers, où les mettrons-nous ? Placez-les en ville, si vous le jugez à propos ; car pour ici, ne vous déplaise, n’en voli pas gés. J’ai l’honneur d’être du plus profond de mon cœur, ma très-chere & très-bonne maman.

P. S. Je m’apperçois que ma lettre vous pourra servir d’apologie, quand il vous arrivera d’en écrire quelqu’une un peu longue : mais aussi il faudra que ce soit à quelque maman bien chere & bien aimée ; sans quoi, la mienne ne prouve rien.