Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/488

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Versailles, & que la richesse des habits au bal paré, au ballet aux grands appartemens ; étoit telle que mon Espagnol saisi d’un enthousiasme poétique de son pays s’écria ; que Madame la Dauphine étoit un soleil, dont la présence avoit liquéfié tout l’or du royaume dont s’étoit fait un fleuve immense, au milieu duquel nageoit toute la cour.

Je n’ai pas eu pour ma part le spectacle le moins agréable ; car j’ai vu danser & sauter toute la canaille de Paris dans ces salles superbes & magnifiquement illuminées, qui ont été construites dans toutes les places pour le divertissement du peuple. Jamais ils ne s’étoient trouvés à pareille fête. Ils ont tant secoué leurs guenilles, ils ont tellement bu, & se sont si pleinement piffrés, que la plupart en ont été malades.

Adieu, maman.

LETTRE XV. À LA MÊME.

Je dois, ma très-chere maman, vous donner avis que, contre toute esperance, j’ai trouvé le moyen de faire recommander votre affaire à M. le comte de Castellane de la maniere la plus avantageuse ; c’est par le ministre même qu’il en sera chargé, de manière que ceci devenant une affaire de dépêches, vous pouvez vous assurer d’y avoir tous les avantages que la faveur peut prêter à l’équité. J’ai été contraint