Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/551

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quand on s’en occupe avec autant de passio, que pour y mettre de la réforme je suis tenté de me défaire de mes livres de plantes. La nomenclature & la synonymie forment une étude immense & pénible ; quand on ne veut qu’observer s’instruire & s’amuser entre la nature & soi, l’on n’a pas besoin de tant de livres. Il en faut peut-être pour prendre quelque idée du systême végétal & apprendre à observer ; mais quand une fois on a les yeux ouverts, quelque ignorant d’ailleurs qu’on puisse titre, on n’a plus besoin de livres pour voir & admirer sans cesse. Pour moi du moins, en qui l’opiniâtreté a mal suppléé à la mémoire, & qui n’ai fait que bien peu de progrès, je sens néanmoins qu’avec les Gramens d’une cour ou d’un pré j’aurois de quoi m’occuper tout le reste de ma vie, sans jamais m’ennuyer un moment. Pardon, Monsieur, de tout ce long bavardage. Le sujet sera mon excuse auprès de vous. Agréez, je vous supplie, mes très-humbles salutations.