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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/600

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la honte & des reproches à me faire sur l’irrégularité de mes procédés envers vous. Vous devez du moins comprendre par-là que je ne cherche point de détour pour me disculper. J’aime mieux devoir uniquement mon pardon à votre bonté que de chercher à m’excuser par de mauvais subterfuges. Ordonnez ce que le cœur vous dictera, du coupable & du châtiment ; vous serez obéi. Je n’excepte qu’un seul genre de peine qu’il me seroit impossible de supporter ; c’est le refroidissement de votre amité. Conservez-la moi toute entiere, je vous en prie, & souvenez-vous que je serai toujours votre tendre ami, quand même je me rendrois indigne que vous fussiez le mien.

Vous trouverez ici incluse la lettre de remercîment que vous fait la très-chere Maman. Si elle a tardé trop à vous répondre, comptez qu’elle ne vous en dit pas la véritable raison. Je sais qu’elle avoit des vues dont sa situation présente la contraint de renvoyer l’effet à un meilleur tems ; ce que je ne vous dirois pas si je n’avois lieu de craindre que vous n’attribuassiez à l’impolitesse un retardement qui, de sa part, avoit assurément bien une autre source.

Il faut maintenant vous parler de votre charmante piece. Si vous faites de pareils essais, que devons-nous attendre de vos ouvrages ? Continuez, mon cher ami, la carriere brillante que vous venez d’ouvrir ; cultivez toujours l’élégance de votre goût par la connoissance des bonnes regles ; vous ne sauriez manquer d’aller loin avec de pareilles dispositions. Vous voulez, moi, que je vous corrige ! croyez-moi, il me conviendroit mieux de faire encore sous vous quelques thêmes, que de vous donner des leçons. Non que je veuille vous assurer que