général de la Société, comme au mien propre, d’être plus utile & plus agréable aux autres & à moi-même ; d’être enfin meilleur que la nature seule ne m’avoit formé, est le motif qui m’a soutenu jusqu’ici dans l’étude des Sciences & des Arts ; un projet si louable m’auroit-il fait illusion ? Avec le dessein de chercher le mieux être, aurois-je pris exactement le chemin opposé ? Tant de travaux ne me conduiroient-ils qu’à dégrader les talens & les inclinations que la simple nature m’avoit donnés. Si cela est, j’apprends tous les jours, & je travaille par-là tous les jours à me rendre pire que je n’étois. Si cela est, je me propose de donner de l’éducation à mes enfans, & par-là je trame une conspiration contre la Société, contre la Patrie, en formant un projet qui tend à lai corruption de ses sujets. Grand Dieu ! qu’ai-je fait, & dans quel abyme allois je précipiter les miens ? Malheur à ceux qui ont brisé la porte des Sciences ! Allons, brûlons les Livres, oublions jusqu’à l’art de lire, gardons-nous de l’apprendre aux autres.
Ce nouveau dessein mérite quelques réflexions ; il a tout l’air d’une extravagance. Quoi ! de propos délibéré, nous nous replongerions dans les ténebres& la barbarie ? Cette action seule seroit, ce me semble, le chef-d’œuvre de l’aveuglement, & de la barbarie même.....
Barbarus hic ego sum