Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/101

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tout mon cœur, quoiqu’il ne me semble pas que l’Encyclopédie & quelques autres livres de choix ôtés le reste en vaille la peine, & d’autant moins que le produit de ces livres n’étant point nécessaire à ma subsistance, vois serez absolument maître de prendre votre tans pour les payer tout à loisir, en une ou plusieurs fois, à moi ou à mes héritiers, tout comme il vous conviendra le mieux. En un mot, je vous laisse absolument décider de toute chose, & m’en rapporte à vous sur tous les points, hors un seul, qui est celui des suretés dont vous me parlez ; j’en ai une qui me suffit, & je ne veux entendre parler d’aucune autre : c’est la probité de M. Dutens.

Je me suis fait envoyer ici le ballot qui contenoit mes livres de botanique dont je ne veux pas me défaire, & quelques autres dont j’ai renvoyé à M. Davenport ce qui s’est trouvé sous ma main ; c’est ce que contenoit le ballot qui est rayé sur le catalogue. Les livres dépareillés l’ont été dans les fréquens déménagemens que j’ai été forcé de faire ; ainsi je n’ai pas de quoi les compléter. Ces livres sont de nulle valeur, & je n’en vois aucun autre usage à faire que de les jetter dans la riviere, ne pouvant les anéantir d’un acte de ma volonté.

Vos lettres, Monsieur, & tout ce que je vois de vous m’inspirent non-seulement la plus grande estime, mais une confiance qui m’attire, & me donne un vrai regret de ne pas vous connoître personnellement. Je sens que cette connoissance m’eût été très-agréable dans tous les tans, & trés-consolante dans mes malheurs. Je vous salue, Monsieur, très-humblement & de tout mon cœur.