Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/149

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Cantons alliés, en particulier celui de Berne, vouloient renoncer à leur ancienne alliance avec ce pays, si J. J. Rousseau n’Étoit pas excommunié. On fit même semer parmi les femmes du village & des environs, que ce Jean.-Jaques avoit dit dans son dernier ouvrage que les femmes n’avoient point d’ames, & n’étoient au plus que des brutes, & mille autres propos dans ce genre, tous propres à renouveller parmi nous le spectacle du sort de Servet, ou de celui d’Orphée.*

[*Ceci n’est ni hasardé, ni exagéré. On connaît ici plus d’un zélé qui pour l’amour de Dieu & de son Paradis, eût volontiers fourni des torches pour un Auto-dà -fé. Et les amis de M. Rousseau bénissent encore l’inclémence de la saison qui le retenant chez lui, le soustrait aux fourches dont veulent s’armer nos Bacchantes modernes, pour lui prouver qu’elles ont une ame.]

C’est alors que le prétendu Antechrist, adressa la lettre suivante à M. le Procureur-Général.

À Motiers le 23 Mars 1765.

"Je ne sais, Monsieur, si je ne dois bénir mes miseres, tant elles sont accompagnées de consolations. Votre lettre m’en a donné de bien douces, & j’en ai trouvé de plus douces encore, dans le paquet qu’elle contenoit. J’avois exposé à Mylord Maréchal les raisons qui me faisoient desirer de quitter ce pays pour chercher la tranquillité &pour l’y laisser. Il approuver ces raisons, & il est comme moi d’avis que j’en sorte : ainsi, Monsieur, c’est un parti pris, avec regret, je vous le jure ; mais irrévocablement. Assurément tous ceux qui ont des bontés pour moi ne