Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/15

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toutes les fautes d’un enfant, se gardera bien, quand il le pourroit avec bienséance, de se rendre insupportable en renouvellant sans cesse de vaines lamentations ; & d’ailleurs, mille petites occasions décisives de faire une correction, ou de flatter à propos, s’échappent dans l’absence d’un pere & d’une mere, ou dans des momens où il seroit messéant de les interrompre aussi désagréablement, & l’on n’est plus à tans d’y revenir dans un autre instant, où le changement des idées d’un enfant lui rendroit pernicieux ce qui auroit été salutaire : enfin un enfant qui ne tarde pas à s’appercevoir de l’impuissance d’un maître à son égard, en prend occasion de faire peu de cas de ses défenses & de ses préceptes, & de détruire sans retour l’ascendant que l’autre s’efforçoit de prendre. Vous ne devez pas croire, Monsieur, qu’en parlant sur ce ton-là, je souhaite de me procurer le droit de maltraiter Mrs. vos enfans par des coups ; je me suis toujours déclaré contre cette méthode ; rien ne me paroîtroit plus triste pour M. de Ste. Marie que s’il ne restoit que cette voie de le réduire, & j’ose me promettre d’obtenir désormais de lui tout ce qu’on aura lieu d’en exiger, par des voies moins dures & plus convenables, si vous goûtez le plan que j’ai l’honneur de vous proposer.

D’ailleurs, à parler franchement, si vous pensez, Monsieur, qu’il y eût de l’ignominie à Monsieur votre fils d’être frappé par des mains étrangeres, je trouve aussi de mon côté qu’un honnête homme ne sauroit gueres mettre les siennes à un usage plus honteux que de les employer à maltraiter un enfant : mais à l’égard de M. de Ste. Marie, il ne manque pas de voies de le châtier dans le besoin, par des mortifications