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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/170

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j’imiterai le divin maître que je sers, qui ne rendoit point outrage pour outrage, qui n’usoit point de menace, mais se remettoit à celui qui juge justement.*

[*I. Ep. de St. Pierre II. 23. ]

Cette premiere lettre sera comme un préliminaire de mes subséquentes. Vous recevrez au plutôt une seconde épître ; mes occupations sont si grandes, que je ne puis écrire qu’a différentes reprises. Agréez les assurances du tendre attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être.

À Motiers-Travers ce 10 Juin 1765.

LETTRE II.

Je vous remercie, Monsieur, de ce que vous me dites d’obligeant, & de la peine que vous ressentez de la témérité avec laquelle l’écrivain anonyme s’est acharné à vouloir me flétrir dans l’esprit du public. Je vous proteste que j’en suis plus chagrin, pour la vérité & pour mes amis, que pour moi-même ; car celui qui agit en bonne conscience, & qui ai fait son devoir ne doit rien craindre.

Je vais entrer en matiere. Ce sera une histoire détaillée & circonstanciée, mais vraie. Si l’on n’y trouve pas le brillant du style, l’on y trouvera la simplicité & la candeur. Je l’accompagnerai de courtes réflexions & de notes, pour mettre en état le lecture d’asseoir son jugement, & quoique dans cet