Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/182

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elle croit tout, elle espere tout, elle supporte tout. I. Cor. XIII. 4-7. Cependant je fus dans la nécessité de me justifier, & dans le public & dans l’étranger, singuliérement auprès de notre compagnie, dont quelques membres trouvoient que je m’étois un peu précipité.

Il seroit à souhaiter, pour ma tranquillité, que ma tolérance, fondée sur l’humanité & sur la charité, eût été alors un peu plus resserrée ; je ne me verrois pas aujourd’hui traduit si indignement dans le public, & je ne serois pas la dupe de mon bon cœur.*

[* Mais, me dira l’anonyme, pourquoi avez -vous donc changé de conduite dans la suite ? Je le renvoie pour le présent à mes remarques subséquentes.]

Quel est le Pasteur qui ne se fût réjoui de voir M. Rousseau, dont la célébrité faisoit tant de bruit, se présenter sous une face aussi desirable pour la vérité & pour la religion ? Je vous avoue, Monsieur, qu’indépendamment du plaisir que j’en ressentois pour le salut de M. Rousseau, & l’éditfication de la chrétienté, mon amour-propre étoit flatté de cet événement, que je regardois comme un des plus glorieux de ma vie. La suite m’a sait comprendre que je dois ici rappeller la note de ce que l’anonyme fait dire à une dame à mon sujet, page 147. À propos de ces éloges, un dame d’ici, qui connoit bien son monde, dit fort plaisamment, qu’elle avoir été comme bien d’autres scandalisée des ouvrages de M. Rousseau, de se assertions, il est vrai, plus que de ses doutes, alléguant en preuve les deux citations ci-dessus. Chacun fut de son sentiment, & lorsque cette plaisante parvint à M. Rousseau, il répondit, dans l’amertume de son