Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/190

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puisqu’il s’agissoit d’un fait public & que l’Inquisition, selon la signification même du mot, n’a pour objet que des faits cachés.

Avant l’époque de l’assemblée du Clergé des 12 & 13 mars, je crus, quoi qu’à peine convalescent, & malgré le tans rigoureux, que ma sollicitude pastorale m’appelloit à voir M. Rousseau, que je n’avois point vu pendant ma maladie. Je me transportai donc chez lui le vendredi 8 mars après midi ; pour l’engager à prendre un parti qui pût s’accorder avec mes sentimens pour lui, & avec mon devoir. J’exposai à M. Rousseau les alarmes où j’étois sur son compte, les suites que je prevoyois du résultat de la vénérable Classe. Je lui ouvris moi cœur, je lui parlai en citoyen, en chrétien, en pasteur, & en ami. C’étoit peut- être un trop fait de ma part, mais mon cœur me droit cette démarche.*

[*Un trop fait, parce que le Corps dont je suis membre, m’avoit insinué en quelques occasions, que j’étendois bien loin ma tolérance pour M. Rousseau.]

Je vous le confesse, Monsieur, j’avois envie d’éviter du chagrin à M. Rousseau, parce que je croyois alors en bonne conscience qu’il erroit de bonne soi.

Je lui proposai divers expédiens, entr’autres qu’il voulût bien me promettre qu’il ne communieroit pas aux fêtes de Pâques, tant pour son bien, que pour l’édification, & qui dans cet intervalle, la grande fermentation qui agitoit les

esprits se calmeroit peut-être. Etoit-ce la conduite d’un persécuteur ?

M. Rousseau hésita quelques momens sur sa réponse. Enfin