Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/251

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vous avertir que la conversation de M. le Professeur avec M. le Lieutenant Guyenet, rapportée par ce premier,*

[*Réfutation, pag. 179 à 182.] n’est pas, tant s’en faut dans l’exacte vérité, s’il nous en faut croire ce dernier.*

[*M. Guyenet le dit à qui veut l’entendre ; il me l’a dit à moi, & M. Le Professeur voudra bien se souvenir que je me signe.]

Pardon, Mylord, de vous avoir si long-tans arrêté sur cette Réfutation de mon libelle. Je suis fâché pour M. le Professeur que la narration publique de ses faits publics soit un libelle. C’est sa faute, & non pas la mienne. Le titre de calomniateur est dur à digérer pour un anonyme aussi peu anonyme que je l’étois. Sans cette qualification, je gardois le silence, ou tout au plus, pour vous donner une légere idée de la conduite modérée & tolérante de M. le Professeur de Motiers, je me serois borné à vous rappeller celle d’un Quacre de votre pays. Son cheval marcha sur un chien qui lui mordit la jambe & faillit à démonter le Quacre. Celui-ci lui dit froidement : Je ne porte point d’armes, je ne tue pas, mais je te donnerai mauvaise renommée. Là-dessus ayant apperçu des gens qui travailloient près de-la dans les champs, il se mit à crier : Au chien enragé ! Au chien enragé ! Dans l’instant le chien fut assommé.

Voilà, Mylord à quoi cette affaire en est restée ; il est difficile de prévoir comment elle finira. Il ne s’agit plus de classe, de consistoire ni dé voie légitime. Barré de toutes parts en s’est entiérement tourné du côté du peuple, & c’est par lui seul qu’on veut maintenant forcer M. Rousseau d’abandonner