Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la partie. Aux fureurs du fanatisme se joignent les plus stupides extravagances. Déjà l’on voit des gens à qui Dieu parle, & qui ont eu des visions. Qui croiroit que dans un siecle aussi plein de lumieres & d’humanité, l’on trouvât core un peuple assez imbécille pour se laisser mener par de pareils foux, & assez brutal pour outrager un homme doux & paisible, uniquement pour complaire à un prêtre furie ? Quel spectacle de voir le plus ardent défenseur du peuple, insulté par le peuple ; l’apologiste des protestans, persécuté chez les protestans ; l’ami de la tolérance, n’en trouver aucune, & le censeur des grands de la terre, protégé par eux ! La vie de cet homme infortuné sera monument dans l’histoire philosophique de ce siecle, & si les relations que j’ai l’honneur de vous adresser, n’en sont pas les plus curieux mémoire elles en feront du moins les plus surs.

Recevez, Mylord, les assurances du tendre & sincere attachement avec lequel je serai toute ma vie.

Votre très-humble & très obéissant serviteur,

DU PEYROU.

Neufchâtel ce 31 août 1765.

FIN.