Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/301

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moitié de ce qui vous étoit dû quand je n’avois pour vous que de l’admiration. Vos grandes vues, votre étonnante impartialité, votre génie, vous éleveroient trop au-dessus des hommes si votre bon cœur ne vous en rapprochoit. Mylord Maréchal, en m’apprenant à vous voir encore plus aimable que sublime, me rend tous les jours votre commerce plus desirable & nourrit en moi l’empressement qu’il m’a fait naître de finir mes jours près de vous. Monsieur, qu’une meilleure santé, qu’une situation plus commode ne me met-elle à portée de faire ce voyage comme je le desirerois ! Que ne puis -je espérer de nous voir un jour rassemblés avec Mylord dans votre commune patrie, qui deviendroit la mienne ! Je bénirois dans une société si douce les malheurs par lesquels j’y fus conduit, & je croirois n’avoir commencé de vivre que du jour qu’elle auroit commencé. Puissé-je voir cet heureux jour plus desiré qu’espéré ! Avec quel transport je m’écrierois,en touchant l’heureuse terre où sont nés David Hume & le Maréchal d’Ecosse :

Salve, fatis mihi debita tellus ! Hœc domus, hoec patria est.”

J. J. R.

Ce n’est point par vanité que je publie cette lettre ; car je vais bientôt mettre au jour une rétractation de tous ces éloges ; c’est seulement pour compléter la suite de notre correspondance, & pour faire voir qu’il y a long-tems que j’ai été disposé à rendre service à M. Rousseau.