Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/302

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Notre commerce avoir entiérement cesse jusqu’au milieude l’été dernier (1765), lorsque la circonstance suivante le renouvella. Une personne qui s’intéresse à M. Rousseau, étant allée faire un voyage dans une des provinces de France qui avoisinent la Suisse, profita de cette occasion pour rendre visite au Philosophe solitaire, dans sa retraite à Motiers - Travers. Il dit à cette personne que le séjour de Neufchâtel lui devenoit très-désagréable, tant par la superstition du peuple que par la rage dont les prêtres étoient animés contre lui ; qu’il craignoit d’être bientôt dans la nécessité d’aller chercher un asyle ailleurs, & que dans ce cas l’Angleterre lui paroissoit, par la nature de ses, loix & de son Gouvernement, le seul endroit où il pût trouver une retraite assurée : il ajouta que Mylord Maréchal, son ancien protecteur, lui avoir conseillé de se mettre sous ma protection (c’est le terme dont il voulut bien se servir) ; & qu’en conséquence il étoit disposé à s’adresser à moi, s’il croyoit que cela ne me donneroit pas trop d’embarras.

J’étois alors chargé des affaires d’Angleterre à la Cour de France ;mais comme j’avois la perspective de retourner bientôt à Londres, je ne rejettai, point une proposition qui m’étoit faite dans de semblables circonstances, par un homme ; que son génie & ses malheurs avoient rendu célebre. Dès quel je fus informé de la situation & des intentions de M. Rousseau, je lui écrivis pour lui offrir mes services, & il me fit la réponse suivante.