Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/310

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M. ROUSSEAU À M. HUME.

Wootton, le 29 mars 1766.

“Vous avez vu, mon cher Patron, par la lettre que M. Davenport a dû vous remettre, combien je me trouve ici placé selon mon goût. J’y serois peur-être plus à mon aise, si l’on y avoit pour moi moins d’attentions, mais les soins d’un si galant homme sont trop obligeans pour s’en fâcher ; &, comme tout est mêlé d’inconvéniens dans la vie, celui d’être trop bien est un de ceux qui se tolérent le plus aisément. J’en trouve un plus grand à ne pouvoir me faire bien entendre des domestiques, ni sur-tout entendre un mot de ce qu’ils me dirent. Heureusement Mademoiselle le Vasseur me sert d’interprete, & les doigts parlent mieux que ma langue. Je trouve même à mon ignorance un avantage qui pourra faire compensation, c’est d’écarter, les oisifs en les ennuyant. J’ai eu hier la visite de M. le Ministre qui, voyant que je ne lui parlois que François, n’a pas voulu me parler Anglois ; de sorte que l’entrevue s’est passée à-peu-près sans mot dire. J’ai pris goût à l’expédient ; je m’en servirai avec tous mes voisins, si j’en ai, & dussé-je apprendre l’Anglois, je ne leur parlerai que François, sur-tout si j’ai le bonheur qu’ils n’en sachent pas un mot. C’est à-peu-près la ruse des singes qui, disent les Negres, ne veulent pas parler quoiqu’ils le puissent, de peur qu’on ne les faire travailler."

"Il n’est point vrai du tout que je sois convenu. avec M. Gosset de recevoir un modele en présent. Au contraire, je lui en demandai le prix, qu’il me, dit être d’une guinée &