Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/311

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demie, ajoutant qu’il m’en vouloir faire la galanterie, ce que je n’ai point accepté. Je vous prie donc de vouloir bien lui payer le modele en question, dont M. Davenport aura la bonté de vous rembourser. S’il n’y consent pas il faut le lui rendre & le faire acheter par une autre main. Il est destiné pour M. Du Peyrou qui depuis long-tems desire avoir mon portrait, & en a fait faire un en miniature qui n’est point du tout ressemblant. Vous êtes pourvu mieux que lui, mais je suis fâché que vous m’ayez ôté par une diligence aussi flatteuse, le plaisir de remplir le même devoir envers vous. Ayez la bonté, mon cher Patron, de faire remettre ce modele à MM. Guinand & Hankey, Little-St. Hellen’s Bishopsgate-Stréet, pour l’envoyer à M. Du Peyrou par la premiere occasion sure. Il gêle ici depuis que j’y suis : il a neigé tous les jours ; le vent coupe le visage ; malgré cela, j’aimerois mieux habiter le trou d’un des lapins de cette garenne, que le plus bel appartement de Londres. Bonjour, mon cher Patron, je vous embrasse de tout mon cœur.”

J. J. R.

Comme nous étions convenus, M. Rousseau & moi, de ne point nous gêner l’un & l’autre par un commerce de lettres suivi, nous n’avions plus d’autre objet de correspondance épistolaire que celui d’une pension qu’il s’agissoit de lui obtenir du roi d’Angleterre. Voici le récit fidele & succinct de cette affaire.

Un soir que nous causions ensemble à Calais, où nous