Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/335

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connoissances ; mais rien n’étoit plus bizarre que leur façon si d’enuser avec moi de son aveu, souvent même par son assistance. Quoique ma bourse ne fût pas vide, que je n’eusse si besoin de celle de personne, & qu’il le fût très -bien, l’on eût dit que je n’étois-là que pour vivre aux dépens du public, & qu’il n’étoit question que de me faire l’aumône, de maniere à m’en sauver un peu l’embarras ;*

[*J’imagine que M. Rousseau veut parler ici de deux ou trois diners qui lui furent envoyés de la maison de M. Stewart lorsqu’il voulut manger chez lui ; & ce n’étoit pas pour lui épargner la dépense d’un repas, mais seulement parce qu’il n’y avoit pas de traiteur dans le voisinage. Je demande pardon aux Lecteurs de les entretenir de semblables détails.] je puis dire que cette affectation continuelle & choquante est une des choses qui m’ont fait prendre le plus en aversion le séjour deLondres. Ce n’est surement pas sur ce pied qu’il faut présenter en Angleterre un homme à qui l’on veut attirer un peu de considération : mais cette charité peut être bénignement interprétée, & je consens qu’elle le soit. Avançons."

"On répand à Paris une fausse lettre du roi de Prusse, à moi adressée & pleine de la plus cruelle malignité. J’apprends avec surprise que c’est un M. Walpole, ami de M. Hume, qui répand cette lettre ; je lui demande si cela est vrai ; mais pour toute réponse il me demande de qui je le tiens. Un moment auparavant, il m’avoit donné une carte pour ce même M. Walpole, afin qu’il se chargeât de papiers qui m’importent, & que je veux faire venir de Paris ensureté."