Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/348

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Monsieur, qu’il n’attendoit pas de réponse & il n’en eut point."

"Dans ce même tems à-peu-près, car je ne sais pas les dates, & cette exactitude ici n’eût pas nécessaire, parut lettre de M. de Voltaire à moi adressée avec une traduction Angloise, qui renchérit encore sur l’original. Le noble objet de ce spirituel ouvrage, est de m’attirer le mépris & la haine deceux chez qui je me suis réfugié. Je ne doutai point que mon cher patron n’eût été un des instrumens de cette publication, sur-tout quand je vis qu’en tâchant d’aliéner de moi ceux qui pouvoient en ce pays me rendre la vie agréable, on avoit omis de nommer celui qui m’y avoit conduit. On savoit sans doute que c’étoit un soin superflu & qu’à cet égard rien ne restoit à faire. Ce nom si maladroitement oublié dans cette lettre, me rappella ce que dit Tacite du portrait de Brutus omis dans une pompe funebre, que chacun l’y distinguoit, précisément parce qu’il n’y étoit pas. "

"On ne nommoit donc pas M. Hume ; mais il vit avec les gens qu’on nommoit. Il a pour amis tous mes ennemis, on le fait : ailleurs les Tronchin, *

[*Je n’ai jamais été assez heureux pour me rencontrer avec M. de Voltaire ; il m’a fait seulement l’honneur de m’écrire une lettre il y a environ trois ans. Je n’ai vu de ma vie M. Tronchin, & je n’ai jamais eu le moindre commerce avec lui. Quant à M.d’Alembert, je me fais gloire de sort amitié.] les d’Alembert, les Voltaire ; mais il y a bien pis à Londres, c’est que je n’y ai pour ennemis que ses amis. Eh pourquoi y en aurois-je d’autres ? Qu’ai-je fait à Lord*

[*M. Rousseau voyant dans les papiers publics l’annonce d’une lettre qui lui étoit adressée sous le nom de M. de Voltaire, écrivit à M. Davenport, quiétoit alors à Londres, pour le prier de la lui apporter. Je dis à M. Davenport que la copie imprimée étoit très-fautive ; mais que j’en demanderois au Lord Littleton une copie manuscrit qui étoit correcte. Cela suffit à M. Rousseau pour lui faire conclure que le Lord Littleton est son ennemi mortel & mon intime ami, & que nous conspirons ensemble contre lui. Il auroit dû plutôt conclure que la copie, qui avoit été imprimée, ne venoit pas de moi.] Littleton, que je ne