Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/354

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voit rien, n’entend rien, ne sent rien, n’est ému de rien & sans un seul mot de plainte, de justification, d’explication, il continue à se donner, malgré moi, pour moi les soins les plus grands, les plus empresses ! il m’écrit affectueusement qu’il ne peut rester à Londres plus long-tems pour mon service ; comme si nous étions d’accord qu’il y restera pour cela ! Cet aveuglement, cette impassibilité, cette obstination ne sont pas dans la nature, il faut expliquer cela par d’autres motifs. Mettons cette conduite dans un plus grand jour, car c’est un point décisif."

"Dans cette affaire il faut nécessairement que M. Hume soit le plus grand ou le dernier des hommes, il n’y a pas de milieu. Reste à voir lequel c’est des deux."

"Malgré tant de marques de dédain de ma part, M. Hume avoit-il l’étonnante générosité de vouloir me servir sincerement ? Il savoit qu’il m’étoit impossible d’accepter ses bons offices tant que j’aurois de lui les sentimens que j’avois conçus. Il avoit éludé l’explication lui-même. Ainsi me servant sans se justifier il rendoit ses soins inutiles ; il n’étoit donc pas généreux."

"S’il supposoit qu’en cet état j’accepterois ses soins, il supposoit donc que j’étois un infâme. C’étoit donc pour un homme qu’il jugeoit être un infâme qu’il sollicitoit avec tant d’ardeur une pension du Roi ? Peut-on rien penser de plus extravagant."

"Mais que M. Hume, suivant toujours son plan, se soit dit àlui-même : voici le moment de l’exécution, car, pressant Rousseau d’accepter la pension, il faudra qu’il l’accepte ou