Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/47

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Entrerai-je dans le détail immense de tous les biens qu’il a répandus, de tous les heureux qu’il a faits, de tous les malheureux qu’il a soulagés, & de ces aveuglés plus malheureux encore qu’il n’a pas dédaigné de rappeller de leurs égaremens par les mêmes motifs qui les y avoient plongés, afin qu’ayant une fois goûté le plaisir d’être honnêtes gens ils fissent désormais par amour pour la vertu ce qu’ils avoient commencé de faire par intérêt ? Non, Messieurs, le respect me retient & m’empêche de lever le voile qu’il a mis lui-même au devant de tant d’actions héroïques, & ma voix n’est pas digne de les célébrer.

Ô vous, chastes Vierges de Jésus-Christ, vous ses épouses régénérées que la main secourable du Duc d’Orléans a retirées ou garanties des dangers de l’opprobre & de la séduction, & à qui il a procuré de saints & inviolables asyles : vous, pieuses meres de famille qu’il a unies d’un nœud sacré pour élever des enfans dans la crainte du Seigneur ; vous, gens de Lettres indigens, qu’il a mis en état de consacre uniquement vos talens à la gloire de celui de qui vous les tenez ; vous, guerriers blanchis sous les armes, à qui le soin de vos devoirs a fait oublier celui de votre fortune, que le poids des ans a forcés de recourir à lui, & dont les fronts cicatrisés n’ont point eu à rougir de la honte de ses refus : élevez tous vos voix ; pleurez votre bienfaiteur & votre pere. J’espere que du haut du Ciel son ame pure sera sensible à votre reconnoissance ; qu’elle soit immortelle comme sa mémoire : les bénédictions de vos cœurs sont le seul éloge digne de lui.

Ne nous le dissimulons point, Messieurs ; nous avons fait