Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/501

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trop noble & trop belle, pour oser calomnier votre hôtesse, vous l’en croyez sur sa parole, tandis que vous répétez que les femmes n’ont point d’ame. Quelques paysans racontent vos discours à leurs cheres moitiés, & celles-ci, pour appaiser les fumées trop épaisses de votre imagination échauffée, vous menacent de vous faire prendre un bain froid dans la fontaine publique. Vous en fûtes quitte pour là peur, & voilà l’un des traitemens barbares dont vous vous plaignez. Passons au second qui fut le dernier.

Un jour de foire, une troupe d’ivrognes s’attrouperent à dix heures du soir devant votre porte, en pestant contre vos sentimens erronés ou du moins qui leur paroissoient tels. L’un d’eux jette une pierre*

[*Toute la Communauté de Motiers-Travers s’accorde pour dire que la pierre produite pour la preuve de ce fait, étoit beaucoup plus grosse que le trou du carreau de vître supposé avoir été cassé par cette pierre : & presque tous les habitans prêtent cette petite noirceur à la malice de Mademoiselle le Vasseur qui, n’étant pas aimée, vouloit trouver des prétextes, pour engager, Rousseau à changer de pays.] qui passe de la fenêtre dans votre chambre ; elle ne vous fit aucun mal. La justice, dont le Chef étoit votre protecteur déclaré,, prend des informations pour poursuivre les coupables & les punir : on ne les découvre pas. Seroit-ce cela que vous appelleriez un traitement barbare ? C’est pourtant le seul que vous pourriez citer, s’il étoit permis à un homme de bon sens de se servir en pareille conjoncture de cette expression.

De tout ce que je viens de rapporter, vous prenez l’occasion d’étaler des frayeurs paniques qui vous sont imaginer qu’on