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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/500

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Mais point du tout, J. J. Rousseau plus despotique en cette rencontre que le grand Sultan, oublie les sages leçons que lui-même a données en defendant sa propre cause. Il se plaint de ce qu’on l’a jugé sans l’entendre, & veut lui-même condamner sans daigner écouter, & même sans confronter l’accusé avec l’accusatrice. Cela n’est ni beau ni honnête, & cette conduite si opposée à vos propres principes, s’éloigne furieusement de la raison & de l’équité. Doit-on juger de la beauté de l’ame de votre chere gouvernante par l’extrême confiance que vous avez dans tout ce qu’elle fait & ce qu’elle dit ? L’accusée par prudence, s’adresse à vous, non-seulement pour détruire le soupçon, mais pour vous alléguer toutes les raisons qui peuvent concourir à prouver son innocence. À peine at-elle exposé le fait, que vous l’interrompez avec une vivacité peu convenable au Philosophe, pour lui répondre. Je sais ce que je dois penser là-dessus ; tout ce que vous me diriez n’est pas capable de détruire dans mon esprit la bonne opinion que je dois avoir de Mademoiselle le Vasseur, que je connois depuis long-tems incapable de m’en imposer ; & lors-qu’elle me diroit à minuit qu’il fait jour, je le croirois. Ah l’excellent juge ! ah que cette phrase est admirable ! n’est-elle pas digne d’un Auteur célébré que l’on place au rang des grands hommes de ce siecle. Convenez, M. le grand homme, que celui qui écrit aussi bien & avec autant de bon jugement que vous le faites dans quelques-uns de vos ouvrages, & qui, en même tems, parle si mal dans son domestique, est un protée tout-à-fait dangereux à la société.

Mademoiselle le Vasseur étoit, selon vous, douée d’une ame