Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/546

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M. le Rapporteur, vous condamnez M. Hume d’avoir fait publier une brochure pour se plaindre, tandis, ajoutez- vous, que M. Rousseau n’a répandu les siennes que dans le secret de l’amitié ! Vous aviez sans doute oublié l’article du St. James Chronicle, ou l’illustre Genevois apprend au public que son ennemi déclaré, l’Auteur de la lettre attribuée au Roi de Prusse, a des complices en Angleterre. M. Hume, diriez-vous, n’y est pas nommé ; non, mais le public le soupçonne & le montre au doigt : ainsi en fait d’imprimé, c’est J. J. Rousseau qui est le premier agresseur. Ne défie-t-il pas ensuite M. Hume de faire imprimer tout ce qu’il a en main ! Est-ce que de pareils défis ne sont pas des preuves d’un égarement marqué au coin de la plus haute folie ? n’est-ce pas vouloir appeller un homme en duel, sans pouvoir l’accuser de nous avoir déshonorés ? J. J. Rousseau a tort, M. Hume n’a pas raison : vous défendez mal le premier, &vous condamnez trop

légérement le second. Peut-être aurai-je moins de raison encore vis-à-vis de certains esprits, qui diront en lisant ceci, & moi, je vous siffle tous les quatre.

N’outrez pas la politesse, & ne dites pas qu’au jugement de plus d’une personne sensée, M. Hume n’a pas moins de vanité que de bienfaisance : vous auriez du dire avec toute la franchise dont je vous crois capable, que l’ostentation & la vanité l’emportoient sur la bienfaisance ; parce que, lorsque celle-ci émane d’un principe généreux, telle que puisse être la conduite active & passive de l’obligé, le bienfaiteur observe un éternel silence sur ses bienfaits. Il peut, avec toutes les voies permises, repousser la méchanceté & les indignités de