Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/38

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& Sourate contribuoient plus, sans doute aux mœurs ; qu’Hippocrate, Euclide & Sophocle.

Les peuples, après les épreuves cruelles qu’ils avoient faites de l’état où ils vivoient sans loix & sans puissance civile, ont dû commencer par l’étude de la morale & de la politique, & dans ce premier moment, ils ont dû être très-vertueux.

Ainsi les terris où ces premières sciences étoient seules cultivées, ont pu l’emporter par les mœurs sur ceux où elles ont été accompagnées de l’étude des autres ; non que ces dernieres aient nui à la vertu, mais par d’autres causes étrangeres, telles que la prospérité, l’accroissement des, richesses ou l’affoiblissement des loix.

Athenes se corrompit lorsqu’elle augmenta ses connoissances, parce-que son génie & son gouvernement n’étoient pas faits pour supporter la prospérité ; le caractere des Athéniens est le même depuis Solon jusqu’à Alcibiade : Périclès régna sur eux par les mêmes voies que Pisistrate ; les entreprises de celui-ci avoient été portées bien plus loin sous les yeux de Solon & dans la premiere ferveur de ses loix ; il mérita d’être appelle tyran, & il fut souffert : sans les violences extrêmes ; d’Hippias son fils, Athenes étoit soumise pour jamais : rendue à sa liberté, elle en abusa : tous ses chefs éprouverent successivement sa légéreté & son ingratitude : l’orgueil & l’ambition du peuple : augmentoient par degrés avec sa puissance & ses conquêtes : plus il s’enivra de sa gloire, plus il voulut être flatté : on ne pouvoit écarter un rival qu’en proposant quelque nouveau moyen de séduction : c’est ainsi qu’on en vint à distribuer les terres conquises au peuple, à prodiguer