Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/388

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esprit, & le plus grand génie de ce siecle, ne sont pas faits pour figurer ensemble ; & je dirois volontiers que M. Olivier de Corancez est trop l’ami de Voltaire, pour être autant qu’il le faudroit celui de Rousseau. Au reste, M. Olivier de Corancez, choqué de l’essor que prend M. de la Harpe me paroît un homme raisonnable, impartial, ami de l’ordre ; & ce n’est que parce que le fais un cas infini de sa façon de penser, que je desirerois qu’il eût assez aimé Rousseau pour ne lui associer personne. J’ai encore été tentée de reprocher à M. Olivier de Corancez de n’avoir pas mis assez de chaleur dans la défense de l’immortel Genevois ; mais en considérant que c’est à M. de la Harpe que cette défense est adressée, j’applaudis à la générosité de son Auteur.

Ne pensez pas, Monsieur, que j’aye voulu faire l’éloge de J. J. Rousseau ce seroit encore le réduire au taux général. Depuis l’établissement des académies, de qui ne fait-on pas l’éloge ? Non-seulement je ne voudrois pas faire le sien, quand je me sentirois des talens qui pussent répondre à mon zele : je voudrois même que personne ne le fît. Eh ! ne l’a-t-il pas fait lui-même, toutes les fois qu’il a écrit, parlé, agi ? Il ne nous a laissé qu’un moyen de le louer, c’est de nous rendre ses bienfaits utiles, en méditant ses ouvrages, en nous pénétrant de ses principes, en nous rappellant ses exemples, & sur-tout en imitant ses vertus.

J’ai l’honneur d’être,

MONSIEUR,

Votre très-humble & très-obéissante servante, D. R. G.

Le 4 Novembre 1778.