Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/396

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insulté à sa cendre. Il semble qu’on ait pris à tâche d’avilir la mémoire d’un homme dont la noble fierté osa lutter contre tous les genres d’infortunes. On a été jusqu’à se croire dispensé d’observer à son égard les loix de la décence & de l’honnêteté. Par exemple, Monsieur, est-il concevable que M M. les Rédacteurs du Journal de Paris, qui ont la réputation d’être honnêtes, aient consenti à se prêter aux desirs de la personne, qui a mis au jour l’extrait que l’on trouve dans le N̊. 201 de ce Journal, d’un mémoire daté de février 1777 ? Si ce mémoire est de J. J. Rousseau, supposition qu’il faut bien adopter, puisque ces MM. affirment qu’ils l’ont entre leurs mains, entiérement écrit de sa main, & signé de lui, comment n’ont-ils pas senti que, soit qu’il ait été surpris à Jean-Jaques, ou confié par lui, à la personne qui le leur remettoit, on ne pouvoit le rendre public, sans devenir coupable de la plus criante infidélité, ou du plus insigne abus de confiance ? L’ancienneté de la date de ce mémoire ne prouve-t-elle pas que l’auteur vouloit qu’il fût ignoré, puisqu’il ne l’a pas fait paroître ? À quelle fin le produire après sa mort ? Seroit - ce pour nous donner une idée de sa façon d’écrire ?.....Quoique toutes ses productions me soient cheres, attendu la méprise où celle-là pouvoir entraîner, si elle avoir été en ma possession, j’aurois cru, en la brûlant, faire un sacrifice propitiatoire aux mânes de son auteur. Eh ! quel est l’homme, qui connoît allez peu les hommes, pour ne pas savoir que la prospérité est le tarif de leur estime, & que celui qu’on leur montre environné des horreurs de la misere n’obtient d’eux qu’une