Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/457

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de la classe générale ; & certainement faux, quand ils portent sur celui dont il s’agit. Tant de beaux esprits à vilaines ames, servens adorateurs du favori des Muses, & sur-tout de la FORTUNE, ont senti qu’à l’odorat de leur Dieu, le sacrifice de J.J.Rousseau valoit une hécatombe.....*

[* Malgré la dépravation du goût, & des mœurs, quelques gens à reputation se sont pourtant abstenu de fournir leur grain d’encens, aux dépens du vraiment éloquent, mais isolé, mais inutile Genevois. Il y a à-peu-prés quinze ans qu’un homme de beaucoup d’esprit, qui probablement ne prétendoit pas alors au fauteuil académique, qu’il occupe aujourd’hui, dit à Paris, en plein spectacle, toutes les vertus de Voltaire sont dans, sa tête, & toutes elles de Rousseau sont dans son cœur. Je ne nommerai point cet Académicien, dans la crainte que ce propos, qui n’étoit peut-être que de circonstance, ne lui fasse des ennemis, que, dans cette supposition, il n’auroit pas assez mérités. Depuis quinze ans, rien n’a dû le faire changer d’opinion sur le compte de deux hommes, qu’une maniere d’être si opposée, & des moyens si différens, ont rendus également célébres. S’il pensoit ce qu’il disoit, il doit le penser encore, se reconnoître, & se nommer.]

Les Auteurs du Dictionnaire, dont avec raison, Monsieur vous faites tant de cas, n’auroient pas dit, s’ils eussent parlé d’après eux-mêmes, le caractere de Jean-Jaques étoit certainement original ; mais la nature ne lui en avoit donné qu le germe, & l’art avoit beaucoup contribué à le rendre encore plus singulier.

L’art n’a point fortifié la teinte de singularité que Jean-Jaques tenoit de la nature :

L’art le plus innocent tient de la perfidie.

Ce que Voltaire a dit comme Poëte, Rousseau le croyoit, le sentoit comme honnête homme. L’art n’est jamais entré pour rien dans sa conduite ; ce qui le prouve, c’est qu’il n’avoit pas