Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à condition que vous aurez la bonté de me faire dire ce que vous a coûté l’exemplaire que vous m’avez envoyé, & de trouver bon que j’en remette le prix à votre commissionnaire ; faute de quoi le livre lui sera rendu sous quinze jours pour vous être renvoyé.

Je passe, Monsieur,, à l’a réponse à vos deux questions.

Le vrai christianisme n’est que la religion naturelle mieux expliquée, comme vous le dites vous-même dans la lettre dont vous m’avez honoré. Par conséquent professer la religion naturelle, n’est point se déclarer contre le christianisme.

Toutes les connoissances humaines ont leurs objections & leurs difficultés souvent insolubles. Le christianisme a les siennes, que l’ami de la vérité, l’homme de bonne foi, le vrai chrétien ne doivent point dissimuler. Rien ne me scandalise davantage que de voir qu’au lieu de résoudre ces difficultés, on me reproche de les avoir dites.

Où prenez-vous, Monsieur, que j’aie dit que mon motif à professer la religion chrétienne, est le pouvoir qu’ont les esprits de ma sorte d’édifier & de scandaliser ? Cela n’est assurément pas dans ma lettre à M. de Montmollin, ni rien d’approchant, & je n’ai jamais dit ni écrit pareille sottise.

Je n’aime ni n’estime les lettres anonymes, & je n’y réponds jamais ; mais j’ai cru, Monsieur, vous devoir une exception par respect pour votre âge & pour votre zèle. Quant à la formule que vous avez voulu m’éviter en ne vous signant pas, c’étoit un soin superflu, car je n’écris rien que je ne veuille avouer hautement, & je n’emploie jamais de formule.