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LETTRE À Mr. DU PEYROU.

À Motiers le 29 Novembre 1764.

Le temps & mes tracas ne me permettent pas, Monsieur, de répondre à présent à votre dernière lettre, dont plusieurs articles m’ont, ému & pénétré ; je destine uniquement celle-ci à vous consulter sur un article qui m’intéresse, & sur lequel je vous épargnerois cette importunité, si je connoissois quelqu’un qui me parut plus digne que vous de toute ma confiance.

Vous savez que je médite depuis long-temps de prendre le dernier congé du public par une édition générale de mes écrits, pour passer dans la retraite & le repos le reste des jours qu’il plaira à la Providence de me départir. Cette entreprise doit m’assurer du pain, sans lequel il n’y a ni repos ni liberté parmi les hommes : le recueil sera d’ailleurs le monument sur lequel je compte obtenir de la postérité le redressement des jugemens iniques de mes contemporains. Jugez par-là si je dois regarder comme importante pour moi, une entreprise sur laquelle mon indépendance & ma réputation sont fondées.

Le libraire Fauche aidé d’une société, jugeant que cette affaire lui peut être avantageuse, désire de s’en charger, & pressentant l’obstacle que vos Ministraux peuvent mettre à son exécution, il projette, en supposant l’agrément du Conseil