LETTRE À Mr. D’IVERNOIS.
À Wootton 31 Mai 1766.
Si mes vœux pouvoient contribuer à rétablir parmi vous les lois & la liberté, je crois que vous ne doutez pas que Genève ne redevint une république ; mais, Messieurs, puisque les tourmens que votre sort futur donne à mon cœur, sont à pure perte, permettez que je cherche à les adoucir, en pensant à vos affaires le moins qu’il est possible. Vous avez publié que je voulois écrire l’histoire de la médiation. Je serois bien aile seulement d’en savoir l’histoire, mais mon intention n’est assurément pas de l’écrire, & quand je l’écrirois, je me garderois de la publier. Cependant si vous voulez me rassembler les pièces & mémoires qui regardent cette affaire, vous sentez qu’il n’est pas possible qu’ils me soient jamais indifférens, mais gardez-les pour les apporter avec vous & ne m’en envoyez plus par la poste, car les ports en ce pays sont si exorbitans que votre paquet précédent m’a coûté de Londres ici 4 liv. 10 sols de France. Au reste je vous préviens, pour la dernière fois, que je ne veux plus faire souvenir le public que j’existe, & que de ma part, il n’entendra plus parler de moi durant ma vie. Je suis en repos ; je veux tâcher d’y rester. Par une suite du désir de me faire oublier, j’écris le moins de lettres qu’il m’est possible. Hors trois amis, en vous comptant, j’ai rompu toute autre correspondance,