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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/329

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celles-là. J’ai été malade, & je ne suis pas bien ; j’ai eu des tracas qui ne sont pas finis, & qui m’ont empêché d’exécuter la résolution que j’avois prise de vous écrire au plus vite que je n’étois pas à Morges. Mais j’ai pensé que mon Nº 7 vous le diroit assez ; & d’ailleurs qu’une nouvelle de cette espèce, disparoîtroit bientôt, pour faire place à quelqu’autre aussi raisonnable.

Vous savez que j’ai peu de foi aux grands guérisseurs. J’ai toujours eu une médiocrè opinion du succès de votre voyage de Beffort, & vos dernières lettres ne l’ont que trop confirmée. Consolez-vous, mon cher hôte vos oreilles resteront à-peu-près ce qu’elles sont ; mais quoique j’aye pu vous en dire dans ma colère, les oreilles de votre esprit sont assez ouvertes, pour vous consoler d’avoir ale tympan matériel un peu obstrué : ce n’est pas le défaut de votre judiciaire qui vous rend crédule, c’est l’excès de votre bonté ; vous estimez trop mes ennemis pour les croire capables d’inventer des mensonges, & de payer des pieds -plats pour les divulguer : il est vrai que si vous n’êtes pas trompé, ce n’est pas leur faute.

Je tremble que Milord Maréchal ne soit dans le même cas, mais d’une manière bien plus cruelle, puisqu’il ne s’agit pas de moins que de perdre l’amitié de celui de tous les hommes à qui je dois le plus, & à qui je suis le plus attaché. Je ne sais ce qu’ont pu manœuvrer auprès de lui, le bon David & le fils du Jongleur, qui est à Berlin : mais Milord Maréchal ne m’écrit plus, & m’a même annoncé qu’il cesseroit de m’écrire, sans m’en dire aucune autre raison,