saisissez rapidement, il va vous échapper ; tout est contre vous & vous êtes perdus. Je pense bien différemment de vous sur la chance générale de l’avenir. Car je suis très-persuadé que dans dix ans, & surtout dans vingt, elle sera beaucoup plus avantageuse à la cause des représentans, & cela me paroît infaillible : mais on ne peut pas tout dire par lettres ; cela deviendroit trop long. Enfin, je vous en conjure derechef par vos familles, par votre patrie, par tous vos devoirs ; finissez & promptement, dussiez-vous beaucoup céder. Ne changez pas la confiance en opiniâtreté ; c’est le seul moyen de conserver l’estime publique que vous avez acquise, & dont vous sentirez le prix un jour. Mon, cœur est si plein de cette nécessité d’un prompt accord, qu’il voudroit s’élancer au milieu de vous, se verser dans tous les vôtres pour vous la faire sentir.
Je diffère de vous rembourser les cent francs que vous avez avancés pour moi, dans l’espoir d’une occasion plus commode. Lorsque vous songerez à réaliser votre ancien projet, point de confidens, point de bruit, point de noms ; & sur-tout défiez-vous par préférence de ceux qui sont ostentation de leur grande amitié pour moi. Adieu, mon ami, Dieu veuille bénir vos travaux & les couronner ; je vous embrasse.