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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/380

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renoncer à la pension du roi d’Angleterre, & pour des raisons non moins bonnes, j’ai rompu irrévocablement l’accord que j’avois fait avec M. D. P.... u. Je ne vous consulte pas sur ces résolutions, je vous en rends compte ; ainsi vous pouvez vous épargner d’inutiles efforts pour m’en dissuader. Il est vrai que foible, infirme, découragé, je reste à-peu-près sans pain sur mes vieux jours & hors d’état d’en gagner. Mais qu’a cela ne tienne ; la Providence y pourvoira de manière ou d’autre. Tant que j’ai vécu pauvre j’ai vécu heureux, & ce n’est que quand rien ne m’a manqué pour le nécessaire, que je me suis senti le plus malheureux des mortels. Peut-être le bonheur ou du moins le repos que je cherche reviendra-t-il avec mon ancienne pauvreté. Une attention que vous devriez peut-être à l’état où je rentre, seroit,d’être un peu moins prodigue en envois coûteux par la poste, & de ne pas vous imaginer qu’en me proposant le remboursement de ports, vous serez pris au mot. Il est beaucoup plus honnête avec des amis dans le cas où je me trouve de leur économiser la dépense, que d’offrir de la leur rembourser.

J’espère que vous n’irez pas inquiéter ma bonne vieille tante sur la suite de sa petite pension. Tant qu’elle & moi vivrons, elle lui sera continuée ; quoiqu’il arrive, à moins que je ne sois tout-à-fait sur le point de mourir de faim ; & j’ai confiance que cela n’arrivera pas.

P. S. Quand M. D. P.... u. me marqua que la salle de comédie avoit été brûlée, je craignis le contre-coup de cet accident pour la cause des représentans ; mais que