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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/412

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Je suis bien touché de la commission que vous avez donnée à Gagnebin ; voilà vraiment un soin d’amitié, un soin de ceux auxquels je serai toujours sensible, parce qu’ils sont choisis selon mon cœur & selon mon goût. Je dois certainement la vie aux plantes ; ce n’est pas ce que je leur dois de bon ; mais je leur dois d’en couler encore avec agrément quelques intervalles, au milieu des amertumes dont elle est inondée : tant que j’herborise, je ne suis pas malheureux ; & je vous réponds que si l’on me laissoit faire, je ne cesserois tout le reste de ma vie d’herboriser du matin au soir. Au reste j’aime mieux que le recueil de M. Gagnebin soit très-petit, & qu’il ne soit pas composé de plantes communes qu’on trouve partout ; je ne vous dissimulerai même pas, que j’ai déjà beaucoup de plantes alpines & des plus rares ; cependant comme il y en a encore un très-grand nombre qui me manquent, je ne doute pas qu’il ne s’en trouve dans votre envoi qui me seront grand plaisir par elles - mêmes, outre celui de les recevoir de vous. Par exemple, quoique je sois assez riche en Gentianes, il y en a une que je n’ai pu trouver encore, & que je convoîte beaucoup, c’est la grande Gentiane pourprée, la seconde en rang du Species de Linnaeus. J’ai le Tozzia alpina, Linn. : mais il y manque la racine qui est la partie la plus curieuse de cette plante, d’ailleurs difficile à sécher & conserver. J’ai l’Uva ursi en fruits, mais je ne l’ai pas en fleurs. J’ai l’Azalea procumbens, mais il me manque d’autres beaux Chamærhododendros des Alpes. Je n’ai qu’un misérable petit Androsace. Je n’ai pas le Cortusa Matthioli, &c. La liste