Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/424

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aussi les événemens qui les peuvent remplir. Je renonce donc à savoir désormais rien de ce qui se dit, de ce qui se fait, de ce qui se passe par rapport à moi ; vous avez eu la discrétion de ne m’en jamais rien dire. Je vous conjure de continuer. Je ne me refuse pas aux soins que votre amitié, votre équité peuvent vous inspirer pour la vérité, pour moi, dans l’occasion ; parce qu’après les sentimens que vous professez envers moi, ce seroit vous manquer à vous-même. Mais dans l’état où sont les choses, & dans le train que je leur vois prendre, je ne veux plus m’occuper de rien qui me rappelle hors de moi, de rien qui puisse ôter à mon esprit la même tranquillité dont jouit ma conscience.

Je vous écris, sans y penser, de longues lettres qui sont grand bien à mon cœur, & grand mal à mon estomac. Je remets à une autre fois, le détail de mon habitation. Mde. Renou vous remercie & vous salue, & moi, mon cher Monsieur, je vous embrasse de tout mon cœur.

LETTRE À Mr. MOULTOU.

À Monquin le 14 Février 1769.

Je suis délogé, cher Moultou, j’ai quitté l’air marécageux de Bourgoin pour venir occuper sur la hauteur une maison vide & solitaire que la Dame à qui elle appartient, m’a offerte depuis long - temps, & où j’ai été reçu avec une