Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/97

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Le traité étoit conclu, non encore signé, quand les Lettres écrites de la montagne parurent. La terrible explosion qui se fit contre cet infernal ouvrage & contre son abominable auteur épouvanta la compagnie, & l’entreprise s’évanouit. Je comparerois l’effet de ce dernier ouvrage à celui de la Lettre sur la musique françoise, si cette lettre, en m’attirant la haine & m’exposant au péril, ne m’eût laissé du moins la considération & l’estime. Mais après ce dernier ouvrage, on parut s’étonner à Genève & à V

[ersailles] qu’on laissât respirer un monstre tel que moi. Le petit Conseil, excité par le R

[ésiden] t de F

[rance] , & dirigé par le procureur-général, donna une déclaration sur mon ouvrage, par laquelle, avec les qualifications les plus dures, il le déclare indigne d’être brûlé par le bourreau, & ajoute avec une adresse qui tient du burlesque, qu’on ne peut, sans se déshonorer, y répondre, ni même en faire aucune mention. Je voudrois pouvoir transcrire ici cette curieuse pièce, mais malheureusement je ne l’ai pas & ne m’en souviens pas d’un seul mot. Je désire ardemment que quelqu’un de mes lecteurs, animé du zèle de la vérité & de l’équité veuille relire en entier les Lettres écrites de la montagne ; il sentira, j’ose le dire, la stoique modération qui règne dans cet ouvrage, après les sensibles & cruels outrages dont on venoit à l’envi d’accabler l’auteur. Mais ne pouvant répondre aux injures, parce qu’il n’y en avoit point, ni aux raisons, parce qu’elles étoient sans réponse, ils prirent le parti de paroître trop courroucés pour vouloir répondre ; & il est vrai que s’ils prenoient les